Dépister la malnutrition liée à la maladie et ses effets sur les patients

Par : Paul Wischmeyer, diplômé en médecine, titulaire du diplôme européen en soins intensifs, Institut de recherche clinique de Duke et département d’anesthésiologie, Centre universitaire médical de Duke

Je dispose d’un point de vue unique sur la malnutrition liée à une maladie dans les hôpitaux, parce que je suis à la fois un médecin et un survivant des unités de soins intensifs (USI), qui n’a cessé d’être hospitalisé depuis l’âge de 15 ans en raison d’une maladie inflammatoire de l’intestin et d’une rectocolite hémorragique. Je sais ce par quoi passent les patients lorsqu’ils sont privés d’alimentation durant un séjour à l’hôpital, ce qui peut aller jusqu’à sept jours pour de nombreux patients gravement malades aux États-Unis. Ce sont ces expériences qui ont motivé mon envie d’aider les médecins à comprendre qu’évaluer et traiter les patients à risque avec un traitement nutritionnel approprié améliore leurs chances de guérison.

Jusqu’à très récemment, nous ne connaissions pas toutes les conséquences d’une malnutrition liée à une maladie. Nous savons aujourd’hui que la malnutrition multiplie par deux les séjours à l’hôpital, multiplie par cinq le risque de mortalité1 et augmente les réadmissions à l’hôpital dans les 30 jours suivant la sortie de 54 %2.

Les prestataires de santé disposent de plusieurs solutions de soins nutritionnels : la solution orale (nourriture), la solution entérale (alimentation par sonde), et la solution parentérale (intraveineuse). Dans certains cas, une combinaison des traitements est la meilleure solution afin d’assurer que les patients reçoivent la bonne quantité de calories, protéines, vitamines, micronutriments et oligoéléments.

Que doit-on faire pour garantir de meilleurs soins nutritionnels dans les hôpitaux ?

  • Éducation – Nous devons implanter dans l’esprit de nos prestataires de santé durant leur formation clinique qu’évaluer le statut nutritionnel est aussi important qu’évaluer les signes vitaux.
  • Dépistage – J’enseigne aux médecins que les besoins nutritionnels de chaque patient doivent être évalués à leur arrivée à l’hôpital, que le diététicien est leur meilleur ami, et que les patients à risque doivent commencer à recevoir des soins nutritionnels dans les 24 à 48 heures suivant le début de leur séjour à l’hôpital.
  • Traitement – Lorsque la nutrition orale ou entérale n’est pas appropriée ou suffisante, nous savons que les patients ont besoin d’une nutrition parentérale. La famille des patients doit se sentir capable de discuter avec l’équipe médicale afin de garantir que les besoins nutritionnels de leurs proches sont satisfaits au quotidien.

Afin d’obtenir de meilleurs résultats pour les patients, nous devons nous assurer que les prestataires de santé sont mieux renseignés en matière de dépistage de la malnutrition et au sujet de la sécurité et de la valeur des solutions de soins nutritionnels.